Nostalgie aux Belles Rives

18 novembre 2011
cjp

En 1926 l’écrivain américain Francis Scott Fitzgerald et son épouse Zelda louent pour l’été la Villa  Saint Louis au cap d’Antibes… C’est le coup de foudre pour le site, la pinède en arrière-plan, la vue sur la courbe du golfe Juan, la lumière douce de la baie, le bleu tranquille de l’eau avec les îles au loin, le sable si clair d’une finesse étonnante : comme une vision de la perfection…

La terrasse des Belles Rives

« -Vous aimez cet endroit ? »

La question est posée dans Tendre est la nuit, au couple d’américains installés ici pour les vacances :

« – Peuvent pas faire autrement. Ils l’ont inventé »

répond pour eux un des invités.

Peut-on affirmer que ce sont les Fitzgerald et leurs amis qui ont lancé Juan-les-Pins ? Sans doute ont-ils propagé là un nouvel art de vivre. A présent le site grouille de touristes en été, le golfe est toujours aussi beau, le cadre exceptionnel, la Villa agrandie est devenue un hôtel de cinq étoiles dont le décor reste empreint de spontanéité folle. Chaque été la « magie Fitzgerald » s’y réinvente : une coupe de champagne servie devant la mer conte la balustrade de la terrasse où Zelda aimait s’accouder, un déjeuner bavard avec des amis sur les appontements au ras des flots, un dîner romantique sous les pins aux tables de « La passagère »… Mais l’ambiance nostalgique du bar « Le Fitzgerald » n’a pas de saison : devant le comptoir étroit délicieusement « rétro » et près du bow-window penché sur la mer, le piano noir égrène sans fin les airs des années jazz de Juan.

Les cartes et la qualité sont dignes du cadre, l’accueil est sympathique et bienveillant, la nostalgie a un prix.

Hôtel Belles Rives

33 Boulevard Edouard Baudoin        06160 Juan Les Pins

Dénicher une bonne pizza à Montréal

14 septembre 2011
mj

… n’est pas chose facile. La moindre sandwicherie  prétend en vendre, la confondant avec un pain plat, mou, épais  vaguement tartiné de sauce tomate-fromage-olives, cuit au four électrique et réchauffé au micro-ondes. Rien à attendre de ce côté là. Vient ensuite le troupeau des restaurants « italiens » qui n’ont souvent d’italien que les couleurs de leur devanture. Chez eux, toujours une pâte épaisse et molle, un peu plus de garniture que dans la catégorie précédente mais des prix honteusement élevés (20$ pour une petite assiette de pâtes sêches à l’ huile d’olive parfum basilic).

Pour échapper à cette malédiction, on se rendra chez Il Focolaio, Square Phillips, tout proche de La Baie. Le four au bois cuit avec soin pizzas et calzones. Pâte fine, croustillante, dorée. Garnitures respectueuses de leur support. Prix plus que raisonnables, service en continue et terrasse en été…

Y aller

Entre « dry » et « dirty »

12 août 2011
cjp

Dirty Martini

Figurant en bonne place dans les littératures alcoolisées, le Dry Martini est un short drink légendaire d’une élégante simplicité. Toutefois le vermouth italien de Martini et Rossi intervient très peu, voire pas du tout, dans la composition de ce cocktail. Voici la recette de base, très facile à réaliser :

Dans un grand verre à mélange rempli aux deux tiers de glace, versez 5 cl de gin (Tanqueray ou Bombay Sapphire), un trait de Noilly Prat, mélangez rapidement à la cuiller à cocktail en agitant de haut en bas, passez dans un verre à Martini (verre conique à pied de contenance 10 cl), plongez une olive verte dénoyautée et pressez un zeste de citron au dessus du verre.

Trop classique pour rester pure, cette recette subit de nombreux gauchissements : on substitue au Noilly Prat du vermouth Martini « extra dry », ou encore on remplace le gin par de la vodka. On peut aussi préférer mélanger le cocktail au shaker…

Certaines variantes visent à casser l’aridité de ce cocktail plutôt « solide ». Parmi celles-ci, je conseille le Dirty Martini : ajoutez à la préparation une cuillerée à café de saumure d’olives vertes et placez deux olives dans le fond du verre. Voici alors un Martini délicat. Le goût d’olive prononcé en fait un cocktail original exempt de sucre et l’insignifiante turbidité du mélange lui donne son nom de « dirty » .

On peut demander le Dirty Martini dans les bars où l’on travaille avec authenticité : bars à cocktails des capitales, bars des palaces. Voici deux adresses, testées avec succès :

Bar Le Relais, hôtel Negresco, 37 Promenade des Anglais, NICE

Dukes Bar, Saint James’s Place, LONDON

Le Dukes est un incontournable dans le domaine des Martini : la théâtralité du service s’assoit sur une réputation ancienne. Le barman propose même des formules de cours particuliers pour apprendre à préparer soi-même son Martini, apprendre à ne plus savoir s’en passer…

Un soir d’été en Méditerranée

14 juin 2011
cjp

Le Palais de la Méditerranée

Bâti en un temps qui n’était plus celui de « La Belle Epoque », en des années qui n’étaient déjà plus très folles, le palais de la Méditerranée, grandiose par le faste art déco de son intérieur et de son architecture, fut pour une durée comptée le lieu ultime de la fête à Nice. Parangon de la splendeur perdue de la ville, il ne reste de ce palais de rêve que sa façade monumentale évidée, rescapée in extremis de la démolition hâtive.

Et pourtant… En deçà de cette façade, on a redonné vie depuis peu à un luxe qui ne laisse pas indifférent : le casino a retrouvé sous les arcades sa place et sa frénésie d’antan, l’hôtel de 4 étoiles ranime une splendeur nostalgique par ses portes à tambour, le volume de ses halls de marbre, ses couloirs de palace… Les ascenseurs s’envolent en musique au 3ème étage où un vaste espace extérieur suspendu derrière les béances rectangulaires de la façade supporte une grande piscine et ses margelles, des fauteuils éparpillés, un piano noir… et tout au bout, contre les piliers, quelques belles tables de restaurant posées en surplomb d’un panorama époustouflant sur la baie des Anges.

C’est à l’une de ces tables dites « du bord » que vous commanderez vos dîners d’été. A l’heure de votre mise en bouche, un soleil hors champ embrase d’orangé le cap de Nice et le cap Ferrat, fait scintiller d’or les flots de la baie que votre champ de vision embrasse dans sa totalité. Au fil de votre repas, vous verrez la mer éclaircir ses nuances céruléennes et la ligne d’horizon se dissoudre en même temps que la lumière s’affaisse. Le dégradé du paysage s’attardera un temps dans un bleu clair d’opaline puis tendra vers le gris argent tandis que vous atermoierez devant le choix des desserts. A la fin du dîner, la nuit sera tombée, les lumières électriques luiront en guirlande sur la courbe de la baie, la mer brasillera sous la lune : ce sera le moment de commander une autre bouteille, de s’attarder sur le panorama de la Promenade des Anglais animée d’un croisement de foule incessant, de scruter l’opacité des plages noires d’où monteront des musiques, des chansons…

La cuisine est inventive, méditerranéenne comme il se doit, raffinée, surprenante, les saveurs délicates et précises sont bien appariées, le service est conventionnel, discret, agréable,  l’esthétique et la classe du lieu  règnent en maître jusque dans les assiettes. La cave est limitée mais efficace. Les prix, proportionnées au décor, restent abordables pour le plaisir d’un soir d’été.

Itinéraire spiritueux

6 juin 2011
cjp

« Quand les mesures itinéraires marquant les distances d’un lieu à un autre se calculent non en kilomètres mais en litres, la vie devient un plaisant voyage »

Un itinéraire à suivre par qui aime le « bien manger », le « bien boire » et le « bien parler »…
Gérard Oberlé nous guide de province en continent sur les chemins de sa vie: promenade littéraire et culturelle dans un monde flamboyant dont les bornes d’étapes sont des banquets, des recettes, des réceptions, des cocktails, des grands vins… Les rencontres sont inattendues, les lieux insolites, les situations cocasses, les breuvages parfois indigènes. La géographie et la chronologie sont perverties par leur symbiose avec les alcools mais nous ne sommes pas perdus dans ce labyrinthe aux figures célèbres dont le fil d’Ariane est le vin, ce vin divin avec lequel l’écri-vin cultive une relation plus que fusionnelle.

Champagne-Cocktail

5 juin 2011
cjp

Classique, élégant, noble, le Champagne-Cocktail a été lancé en 1921 par le barman de l’hôtel de Paris à Monte-Carlo. Folie des années folles, la mode s’en est étiolée mais revient en force dans les bars où on le réclame s’il ne figure pas déjà sur la carte. Ne le confondons pas avec un quelconque « cocktail au champagne » (au demeurant, beaucoup d’entre eux font injustement souffrir le champagne) car le terme Champagne-Cocktail désigne l’unique et authentique recette que voici :

– disposez au fond d’une flûte un dé de sucre

– imbibez le sucre de quelques gouttes d’Angostura Bitter

– versez 2 cl de cognac rafraîchi

– complétez par 10 cl de champagne bien frappé

Le cognac doit être fin pour ne pas communiquer de goût « savonneux », le champagne sera un brut de qualité, de préférence bien mâtiné de Pinot Noir (mais conservons les prestigieux, les millésimés ou les premiers crus pour d’autres usages). Pour servir le champagne, et ce cocktail en particulier, on délaisse à présent les flûtes pincées du genre « Le renard et la cigogne » et on préfère les grands verres de courbure généreuse qu’on ne remplit qu’à demi. Cédez à l’émerveillement visuel de cet or ambré balayé d’un tourbillon coruscant !

Pourquoi ce cocktail plutôt qu’un autre ? D’abord parce qu’il s’agit d’un « grand » cocktail, d’une virilité qui respecte le champagne, ambre sa couleur, rehausse sa bulle, affermit son goût. Aussi parce qu’il séduira à coup sûr lors de vos réceptions sans requérir de matériel ou de mise en œuvre compliquée. Voici comment procéder pour parer avec élégance au coup de feu d’un début de soirée :

Trempez vos bouteilles de champagne langoureusement inclinées dans  une large coupe à  rafraîchir remplie à moitié de glace, préparez une belle bouteille de cognac (de préférence à température fraîche), un grand verre évasé rempli de petits morceaux de sucre, une pince en argent et le flacon d’Angostura. A mesure du passage des convives, réalisez en quelques secondes le cocktail à la demande, personnalisez au besoin le service et les proportions : moins de cognac avec un sourire en cas de douceur requise, plus de cognac et d’Angostura avec un clin d’œil complice pour un cocktail plus sec. Le Champagne-Cocktail conforte la chaleur de votre accueil et propage une ambiance conviviale. Regardez les coupes dorées tenues haut à bout de mains, elles scintillent et pétillent en essaimant dans vos salons, elles concentrent les clameurs de votre réception.

At The Ritz

3 juin 2011
cjp

Que serait un séjour à Londres sans « afternoon tea » ?

Les adresses testées, des plus banales aux plus prestigieuses, sont toutes convaincantes dans leur registre. Ainsi, de simples cafeterias de magasins surprennent par l’abondance des denrées pour une somme très modique. De nombreux hôtels proposent un service fort recommandable et certains grands établissements commerciaux (Fortnum and Mason) jouent le prestige. Plus simplement, des restaurants de musée (The National Dining rooms) proposent un choix de qualité, même si le service laisse parfois à désirer.

Mais rêvons un instant que l’Angleterre traditionnelle tient fermement debout et ressuscite son âge d’or… Mrs  Dalloway flâne dans Picadilly et avant de se tourner vers le soleil de Bond Street, vers les fleurs de sa réception du soir, elle musarde devant la vitrine de la librairie  Hatchard’s. Elle avance encore jusqu’à se rapprocher des portes à tambour du Ritz, manipulées par des valets en livrée, au-delà desquelles le tapis rouge s’enfonce au cœur de ce Londres né de la Belle Epoque en traversant les halls de marbre et de stuc, en passant devant la haie d’honneur du personnel ouvrant d’un même mouvement les battants des portes à miroirs.  Les ors, les kentias, l’élégance, le luxe, la belle tradition anglaise défilent ainsi jusqu’au Palm Court Restaurant où  s’égrène le son d’un grand piano tandis qu’on sert le fameux « Afternoon tea » avec méthode et componction.

Dans ce salon oblong au décorum baroque, les  belles tables aux nappes lisses sont bien garnies : les copieuses théières d’argent contiennent les meilleurs « Darjeeling first flush », « Lapsang Souchong Imperial », « Oolong Formose », « Ritz Royal English » (…17 sortes de thé !), l’impressionnant plateau à trois étages regorge de « finger sandwiches », de Raisins and Apple scones (accompagnées bien sûr de « clotted cream »), de belles pâtisseries miniatures…  Et pourquoi pas aussi quelques coupes de champagne ? A Londres, le Taittinger fait parfois l’impression de couler à flots…

Disons-le tout simplement : la qualité est bonne, les standards sont honorés mais l’intérêt est  aussi dans le décor et la mise en scène. Le service est orchestré, réglé comme une partition, de grands plateaux chargés de sandwiches ou de gâteaux passent et repassent où l’on peut se servir à l’envi. Prendre le thé au Ritz exige certains efforts : veste, cravate et chaussures de ville pour ces messieurs, robe habillée et escarpins pour ces dames, chapeaux si vous aimez. La réservation à l’avance est indispensable, avec choix d’un créneau horaire et ponctualité de rigueur. Passées ces exigences, tombant le masque du touriste vous serez fort bien traités.

Et si vous prenez goût à cet établissement aux propositions créatives et dynamiques, vous reviendrez tester les cocktails du bar, vous goûterez aux lunches d’été sur la terrasse côté Green park, vous raffolerez des dîners à thèmes, vous visiterez aussi la toute proche Royal Academy of Arts à l’occasion d’un forfait dîner-exposition et vous finirez bien un jour par réserver une chambre pour deux personnes avec breakfast, lunch, fleurs, fruits et champagne…  Londres ad libitum.

Mini liste pour une escapade à Bruxelles

30 mai 2011
mj

Si d’aventure vous passez par là, voici quelques adresses bien accueillantes.

Biscuiterie Dandoy : les spéculoos et les gaufres de Bruxelles (plus légères que celles de Liège mais pour ceux qui préfèrent, ils font les deux).  Dandoy a plusieurs détaillants mais à cette adresse [Karel Bulsstraat 14, 1000 Brussel], ils font les gaufres, salon de thé, etc. C’est à côté de la Grand’Place.

Si vous croisez des vendeurs de caricoles dans la rue, foncez, c’est délicieux. Ce sont des bigorneaux cuits dans un bouillon très relevé et on les sert dans des sortes de barquettes de soupe. Il reste peu de vendeurs à ma connaissance mais peut-être aurez-vous la chance d’en croiser au marché de Saint Gilles.

T’Kelderke : un peu touristique, sur la Grand’Place, mais bon et typique. A gouter : Croquettes de crevettes, Carbonnades Flammandes à la bière, Waterzooi à la Gantoise, Lapin à la gueuze…

Chez Patrick :  un autre restaurant très très typique et peut-être moins touristique bien que tout à côté de la Grand’Place. J’y suis allée du temps de l’ancien propriétaire ( Chez Jean, lire l’historique sur le site) et il parait que l’ambiance est toujours là. Pas trop cher et vraiment délicieux à l’époque. Mention spéciale aux croquettes de crevettes grises.

Le Falstaff : une de mes brasseries préférée. La carte a bien changé depuis mon dernier passage mais leur Americain-frites doit toujours être incontournable.

À la Mort Subite : un café qu’il ne faut pas manquer. Y prendre une de leurs merveilleuses pressions (kriek, gueuze, etc.) avec une « tartine » (pain, radis, + ce que l’on a envie de mettre dessus). Pour aller à la Mort Subite depuis la Grand’Place, emprunter le passage du roi et de la reine. Un passage couvert avec une très belle verrière.

Selon le temps dont on dispose entre deux dégustations,  le parcours « découverte de l’art nouveau » et la visite de la maison Horta figurent parmi les nombreuses  activités agréables que proposent cette belle ville.

La tarte aux pralines… excellentissime !

24 mai 2011
cjp

Ce superlatif douteux ne couvre pas la seule évocation d’une saveur exquise : il réfère aussi à l’esthétique inégalée de ce carmin profond, chatoyant et grenu, qui rehausse les nappes d’organdi blanc des goûters de l’été, réveille les moires et les chandelles des tables de Noël, enlumine le simple vichy rouge d’un guéridon de bistrot. Point de saison ni de latitude pour la praline, plus empourprée mais moins capricieuse que la cerise, la fraise ou la framboise…

L’excellence est également dans la simplicité d’une mise en œuvre qui s’accommode des installations de cuisine les plus ascétiques. Voici :

Concassez 250g de pralines de confiseur, broyez-les grossièrement (la grossièreté est ici le subtil pivot de notre art), mélangez en casserole avec 18 cl d’une crème fraîche épaisse de bon cru et portez à frémir à feu très doux pendant 15 minutes en remuant. Vous étalerez cet appareil sur le fond de pâte sablée préalablement cuit à blanc (avec papier sulfurisé et cailloux du jardin, comme vous savez le faire…). Vous laisserez tiédir, puis franchement refroidir plusieurs heures au réfrigérateur. La texture délicate de la garniture ne saurait être atteinte dans toute sa perfection dès le premier essai : point trop caramélisée, point trop coulante, point trop confite, point trop laitière… Jouez les détails : un point de cuisson  réajusté, des proportions à peine gauchies, des ingrédients plus raffinés… la révélation en sourdra.

Combien de gourmands régalerez-vous avec les quantités indiquées ? Bien peu, il faut le dire : les amateurs se servent et se resservent avec une telle insouciance…

Pour les méticuleux avides de précisions numériques, et rompus aux canons diamétriques des recettes tartelières, avançons un nombre tout arrondi : 22 cm.

La saison du homard

7 mai 2011
mj

Depuis fin avril, c’est la saison du homard au Québec ! Ce soir nous mangerons nos premières « victimes », adoptées pour moins de 15$ le kg. Les homards seront cuits à la vapeur, dans une grande marmite contenant très peu d’eau bouillante salée (homard à la gaspésienne). La méthode de cuisson fait débat au Québec, le salage de l’eau et même le mode d’introduction de la bête dans la marmite (« par la tête » semble l’emporter sur « par la queue »).

Ginette et Maurice

Mai est propice à ces agapes homardesques… il faudra donc attendre la fin du mois pour savoir si Homards m’a tuer ? (vite, un verre !)